lundi 24 janvier 2011

Jasmine fragrance

L'Histoire est capricieuse, elle a décidé en ce début d'année 2011 de tracer un trait entre 2 jeunes diplômés que seules les impérieuses nécessités du destin vont associer : Mark Zuckerberg et Mohammed Bouazizi, l'un a fondé une société valorisée aujourd'hui à 50 milliard de dollars US, l'autre a refondé une société tout court dans un ultime geste de désespoir. On sait par contre que sans l'un et l'autre le miracle qui s'est déroulé en Tunisie n'aurait jamais pu se produire.

J'arrête là mes envolées lyriques, mais être à l'autre bout du monde pour suivre ces évènements, pour être quelque peu frustrant, offre néanmoins un point de vue original que je vais tenter de vous dépeindre.
Il faut d'abord savoir que, la Tunisie, jusqu'à très récemment, on ne connaissait pas en Asie... Aux "where are you from" à qui je répondais, "Tunisia" en précisant juste après "you know, this small country in north of Africa...", j'ai invariablement eu pour réponse la même moue gênée et typiquement asiatique de mon interlocuteur qui me réponds "Oh, yes I know !" sans aucune conviction dans le regard...

Mais comme disait l'autre, ça c'était avant le drame...

Pendant tout début janvier, les chaînes d'info internationales et locales passaient des images des manifestations tunisiennes, dans les aéroports, le drapeau tunisien était ainsi devenu aussi visible qu'une pub Coca-Cola.
Le 15 janvier, je me lève à 7h du matin dans ma chambre d'hôtel à Taipei, et je découvre à la Une du Taipei Times une photo du salon brûlé de Belhassen Trabelsi avec un article sur 2 colonnes.

Depuis, la Tunisie est devenue un peu plus connue dans ces contrées... il n'y a pas de doute.

mardi 28 septembre 2010

Maid in Singapore

Avoir une maid à Singapore, ce n'est pas juste la discrète et serviable bonne à tout faire qui te donne du yes Sir et du yes Madam à longueur de journée.... C'est en réalité toute une industrie qui fait vivre d'innombrables prestataires afin que l'îlot de prospérité qu'est Singapour ne manque jamais de cette main d'oeuvre bon marché qui abonde dans l'océan de relative pauvreté tout autour : Indonésie, Philippines, Sri Lanka, Birmanie, etc... Et pour l'avoir testé, la logistique all inclusive qui fait arriver une maid de son village au bout d'une île perdue des Philippines jusqu'à chez toi à Singapour est terriblement efficace...
Même les promoteurs immobiliers et les architectes se plient à cette spécificité sociologique, ainsi, le moindre appartement est pourvu d'une chambre de bonne attenant évidemment à la cuisine. Quand on lit dans une annonce immobilière un appartement 3+1 le +1 ce n'est pas le séjour, c'est la maid room.

Le hic c'est que, de par la loi, chaque logement doit aussi avoir un abri anti-bombe (si si..), un shelter (voilà un autre point commun avec la Suisse outre l'ordre, le fric, et la propreté, étrange non ?). Le shelter est une toute petite pièce sans fenêtre (mais avec une bouche d'aération) et avec une porte blindée. La loi ne précise pas ce qu'on peut faire ou ne pas faire de ce shelter en temps de paix.
Ce magnifique shelter fait donc office de chambre de bonne dans la plupart des foyers.

En matière de logement, ça faisait longtemps que j'ai abandonné mes références tunisiennes de l'espace, surtout après mes années à Paris, mais là j'étais face à un nouveau cap : peut-on faire vivre un être humain (qui, à priori n'a rien fait de mal) dans moins de 4 m2 ?

Cela ne pose aucun problème à la plupart des familles locales, mais nous, on a fait comme la plupart des expatriés : on a pris une maison avec une vrai chambre à coucher supplémentaire et j'ai gardé mon shelter pour la 3ème guerre mondiale.

L'autre conséquence architecturale de la présence de la maid c'est que le lave-vaisselle est un objet aussi utile au singapourien qu'un frigo pour un esquimau, et les cuisines ne sont donc pas prévues pour en être équipées. C'est simple, nous n'avons pas eu d'autres choix que d'installer le nôtre à l'extérieur.


En dehors de ça, les tâches ménagères dont une maid s'occupe restent relativement classiques, sauf peut-être une seule : le lavage quotidien de la voiture. Oui, vous avez bien lu : quo-ti-dien ! Quand je pars au travail le matin, les trois-quarts des maids de Singapour sont devant la maison de leurs patrons en train de laver leurs voitures, à 7h30 du matin, ma petite rue bordée de maisons individuelles a des airs de station Total la veille des grandes vacances...
 
J'ai ma voiture depuis 1 mois, l'agence de location me l'a reprise pour révision il y a 2 semaines et il me l'on rendue lavée, et franchement elle est encore très propre 2 semaines après, il ne peut pas en être autrement, il n'y a pas de poussière de ce pays, pas de terre (sur les routes en tout cas), pas de boue, pas de chewing-gum ni papiers par terre, pas de déjections canines ni d'aucune autre origine d'ailleurs (leurs pigeons ont dû apprendre à aller aux toilettes sans doute). Quand j'arrive à mon parking au bureau, il y a un mec qui passe la serpillière sur le sol du parking, tout les jours, j'ai presque honte de rouler dessus avec mes gros pneus tout noirs...
Le lavage quotidien  reste donc un mystère pour moi, surtout dans un pays qui manque d'eau douce au point d'en importer de chez ses voisins...
 
Mais attention Singapour n'est pas l'Arabie Saoudite non plus, les maids ont des droits très bien encadrés. Avant de pouvoir en recruter une il faut d'ailleurs suivre une formation obligatoire, et les journaux relatent régulièrement les cas de violence contre elles où les coupables sont, contrairement aux pays du golf, poursuivis et punis de prison.
 
Enfin, on a encore un peu de marge avant de risquer la taule, pour l'instant les seules violences que notre maid subit ce sont nos 2 petits monstres, qui voient d'un oeil suspicieux l'arrivée de cette étrange dame qui s'occupe d'eux et qui parle une langue qu'ils ne comprennent pas (encore)...

vendredi 24 septembre 2010

En fait, comment on dit seau en anglais ?

En arrivant à Singapour, je me suis dit, vu le niveau en anglais du singapourien moyen, je devrais pourvoir me débrouiller avec le mien, il ne faut pas déconner, je suis capable de tenir des heures une négo contractuelle ou technique, même avec des australiens, alors je dois pouvoir exprimer mes besoins basiques encore plus facilement, non ? Eh bien, non... c'est que les mots de tous les jours n'entrent pas trop au bureau, et inversement, le business english, n'est pas d'une grande utilité quand on pousse son caddie à carrefour.
Et d'ailleurs, ici, on ne parle pas vraiment l'anglais, mais le singlish, une sorte d'anglais très économe en verbes, et autres adverbes dès lors qu'ils n'apportent pas une information essentielle au propos, ainsi en singlish on dit : you on the air con, (car oui, j'ai l'air con, c'est essentiel : air conditioning), là où vers Oxford on dirait : you may turn on the air conditionning, please. Oui, le singlish est aussi économe en formule de politesse, ca ne sert à rien la politesse après tout, enfin en formule je veux dire, car autrement, la politesse est tout un art en Asie : you on the air con, mais en te déchaussant avant d'entrer et en tendant la télécommande avec les deux mains s'il te plaît !
Après, viennent les acronymes locaux, on ne dit pas metro, mais MRT (prononcer emmaâti), et il ne faut pas oublier de recharger la cash card avant de la mettre dans l'IU (in-vehicle unit), utilisé pour le système de racket péage urbain de Singapour qu'on appelle ERP (electronic road pricing), etc. etc...
L'ERP, cette spécificité singapourienne, mérite que je vous en parle un peu... le système est donc basé sur d'une part, ce boîtier (donc appelé IU si vous avez suivi), obligatoire pour chaque véhicule (même sur un scooter!!) qui est fixé sur la planche de bord et fait ressembler la plus belle Aston Martin à un vulgaire taxi, et d'autre part, d'un réseau très dense de portiques installés un peu partout sur l'île. L'idée est que à chaque passage sous un portique, la cash card qui est dans l'IU est débitée d'un montant qui est fonction du type du véhicule, de la localisation du portique, et de l'heure de la journée. Autant vous dire qu'un camion qui se pointe pour une livraison en plein CBD (Central Business District) à 8h du matin, n'a pas intérêt à livrer 2 kilos de poireaux s'il veut rentrer dans ses frais!!
Et s'il n'y pas pas assez de crédit dans la carte, la plaque minéralogique est reconnue par des caméras fixées sur le portique et une facture du montant du péage arrive le lendemain par courrier avec une pénalité de retard. Il faut dire qu'ici, tout se termine par une pénalité... Voilà, ce n'est pas forcément très simple, mais fichtrement efficace !
Sur mon trajet quotidien par exemple, il y a un portique qui est en général à 1.5$... sauf entre 7h30 et 7h35, où un technocrate a décidé que le tarif devait passer à 0.80$ pendant 5 mn, il n'en faut pas plus pour tenter le sfaxien que je suis...

En fait, un seau se dit bucket en anglais... et kartal en sfaxien.

mercredi 25 août 2010

Here come the drums

Vers la fin de mon premier séjour long à Singapour (2 semaines), je voulais faire de ce billet un cri du coeur contre la soupe musicale qu'on entend partout ici et dont raffolent les asiatiques en général. Je me suis surpris à siffloter Strangers in the night , et je me suis rendu compte que je n'entendais que ca à longueur de journée, à la télé, au restaurant, dans les bars, et bien-sûr dans les ascenseurs, forcément nombreux dans une ville aussi verticale que Singapour (mais là c'est moins inattendu) : toutes les reprises possibles et imaginables de Sinatra et autre Sreisand...

Jusqu'au soir où j'ai commencé à explorer un peu mieux la ville et suis tombé sur un resto-club de jazz pour y rencontrer ce je que j'appellerais un moment de grâce.
Le jazz band était un mélange assez improbable : un contre-basse black US, allure a la Danny Glover, et qui carbure au whisky, un pianiste singapourien chinois, à l'allure toute frêle, et qui carbure à l'Evian (je vous assure que c'est vrai), un batteur d'origine, d'allure, et de boisson totalement indeterminées tellement elles sont brouillonnes, et 2 australiens, genre Laurel et Hardy aux cuivres, et carburant -forcément- à la bière
D'après les présentations, les 2 guss australiens étaient de passage et n'avaient jamais joué avec le trio résident, ils improvisent pourtant un boeuf magistral dès le premier morceau, un scatman, vient les rejoindre plus tard, je n'ai jamais eu la patience de véritablement écouter du jazz et de l'apprécier, mais là dans ce club, à Singapour, ce soir là, la magie du jazz a opéré, et j'ai mangé avec plaisir mon risotto froid, à la pause.

jeudi 15 avril 2010

Here comes trouble

Finies les vacances !
C'est ce que m'a dit mon futur boss en me recrutant, sans doute pour m'annoncer la couleur... Comme il m'arrive d'être inconscient, ca ne m'a pas découragé pour accepter le job, après le conclave familial prévu par la constitution pour ce genre de décision, il va sans dire...

Alors, Singapour, on arrive !

Ca tombait bien, le blogueur qui hibernait en moi commencait à trouver le temps lent, depuis son dernier billet posté de Tunis (ville de ma première expatriation, pour les retardataires) il y a plus d'un an... Mais Singapour mérite quelques réaménagements...



Pour commencer, on change le titre du blog, merci Jean Bruce (auteur des fameux OSS, on lui doit, Moche coup à Moscou, il est très fort). Cela dit, il est vrai qu'on n'est pas 5 gars à partir pour Singapour mais seulement 3, mais vous me pardonnerez cette approximation si je vous dit que la quatrième partante (qu'on appelle tous ici respectueusement Maman) compte au moins pour 2 gars, le compte est donc bon.

Contrairement à Tunis (ville de ma première expatriation, pour les distraits), je ne connais pas très bien Singapour, c'est une ville qui reste donc presque entièrement à découvrir pour moi, et j'essayerai dans les prochains billets de partager avec vous ces découvertes avec le point vue très subjectif (voire de mauvaise foi, vous êtes prévenus) qui est le mien, ceux qui me connaissent bien corrigeront d'eux même ce biais, les autres, se débrouilleront avec... ou iront voir Wikipedia pour une cure d'objectivité.

Contrairement à Tunis aussi (ville de ma première expatriation pour les poissons rouges), cette fois-ci nous seront en famille, j'ai hâte de voir comment nous allons nous adapter à notre nouvelle vie et surtout surtout, comment mes 2 petits garçons vont vivre ce changement dans leur quotidien, quelque chose me dit qu'ils seront une source intarissable d'anecdotes que je me ferai un plaisir de partager avec vous dans mes prochains billets.

Stay tuned, finies les vacances.

mardi 20 janvier 2009

retour de boomerang


Vous avez été plusieurs milliers à suivre mes aventures à Tunis, je pense à Brad de Melbourne, à Babakar de Tambacounda (ne cherchez pas c'est au Sénégal), à Ashayaki de Kyoto, et a Ramon de Barcelone, et bien-sûr à Daniel de Toulouse, tous fidèles lecteurs parmi les fidèles et j'en oublie...


Les administrateurs du site m'ont à plusieurs reprises demandé de reporter mes postes pour qu'ils aient le temps de muscler leurs serveurs pour faire face au trafic généré... bref c'est une formidable aventure...


Mais comme toutes les bonnes choses, cette aventure touche à sa fin !


On me dit déjà beaucoup de bien de ma prochaine ville d'affectation et de ses autochtones, et il y aura sans doute beaucoup à raconter...


Vous aurez de mes nouvelles bientôt, restez branchés.

samedi 10 janvier 2009

Suppliment mayonaiz



Tout le monde sait que la Tunisie est un pays francophone, c'est d'ailleurs assez visible : enseignes publicitaires et panneaux routiers sont en majorité bilingues. Et n'importe quel tunisien, avec un minimum de scolarité, est aussi à l'aise en Arabe qu'en Français.


La Tunisie est un pays émergent à l'économie dynamique, le miracle tunisien disait Chirac...


La Tunisie est le pays de la femme Arabe émancipée, de l'Islam modérée..

Tout ça est à peu près vrai... Mais la Tunisie est aussi ça (eh oui enfin des PHOTOS sur ce blog, si ça continue, vous allez voir des animations Flash bientôt !).