mardi 28 septembre 2010

Maid in Singapore

Avoir une maid à Singapore, ce n'est pas juste la discrète et serviable bonne à tout faire qui te donne du yes Sir et du yes Madam à longueur de journée.... C'est en réalité toute une industrie qui fait vivre d'innombrables prestataires afin que l'îlot de prospérité qu'est Singapour ne manque jamais de cette main d'oeuvre bon marché qui abonde dans l'océan de relative pauvreté tout autour : Indonésie, Philippines, Sri Lanka, Birmanie, etc... Et pour l'avoir testé, la logistique all inclusive qui fait arriver une maid de son village au bout d'une île perdue des Philippines jusqu'à chez toi à Singapour est terriblement efficace...
Même les promoteurs immobiliers et les architectes se plient à cette spécificité sociologique, ainsi, le moindre appartement est pourvu d'une chambre de bonne attenant évidemment à la cuisine. Quand on lit dans une annonce immobilière un appartement 3+1 le +1 ce n'est pas le séjour, c'est la maid room.

Le hic c'est que, de par la loi, chaque logement doit aussi avoir un abri anti-bombe (si si..), un shelter (voilà un autre point commun avec la Suisse outre l'ordre, le fric, et la propreté, étrange non ?). Le shelter est une toute petite pièce sans fenêtre (mais avec une bouche d'aération) et avec une porte blindée. La loi ne précise pas ce qu'on peut faire ou ne pas faire de ce shelter en temps de paix.
Ce magnifique shelter fait donc office de chambre de bonne dans la plupart des foyers.

En matière de logement, ça faisait longtemps que j'ai abandonné mes références tunisiennes de l'espace, surtout après mes années à Paris, mais là j'étais face à un nouveau cap : peut-on faire vivre un être humain (qui, à priori n'a rien fait de mal) dans moins de 4 m2 ?

Cela ne pose aucun problème à la plupart des familles locales, mais nous, on a fait comme la plupart des expatriés : on a pris une maison avec une vrai chambre à coucher supplémentaire et j'ai gardé mon shelter pour la 3ème guerre mondiale.

L'autre conséquence architecturale de la présence de la maid c'est que le lave-vaisselle est un objet aussi utile au singapourien qu'un frigo pour un esquimau, et les cuisines ne sont donc pas prévues pour en être équipées. C'est simple, nous n'avons pas eu d'autres choix que d'installer le nôtre à l'extérieur.


En dehors de ça, les tâches ménagères dont une maid s'occupe restent relativement classiques, sauf peut-être une seule : le lavage quotidien de la voiture. Oui, vous avez bien lu : quo-ti-dien ! Quand je pars au travail le matin, les trois-quarts des maids de Singapour sont devant la maison de leurs patrons en train de laver leurs voitures, à 7h30 du matin, ma petite rue bordée de maisons individuelles a des airs de station Total la veille des grandes vacances...
 
J'ai ma voiture depuis 1 mois, l'agence de location me l'a reprise pour révision il y a 2 semaines et il me l'on rendue lavée, et franchement elle est encore très propre 2 semaines après, il ne peut pas en être autrement, il n'y a pas de poussière de ce pays, pas de terre (sur les routes en tout cas), pas de boue, pas de chewing-gum ni papiers par terre, pas de déjections canines ni d'aucune autre origine d'ailleurs (leurs pigeons ont dû apprendre à aller aux toilettes sans doute). Quand j'arrive à mon parking au bureau, il y a un mec qui passe la serpillière sur le sol du parking, tout les jours, j'ai presque honte de rouler dessus avec mes gros pneus tout noirs...
Le lavage quotidien  reste donc un mystère pour moi, surtout dans un pays qui manque d'eau douce au point d'en importer de chez ses voisins...
 
Mais attention Singapour n'est pas l'Arabie Saoudite non plus, les maids ont des droits très bien encadrés. Avant de pouvoir en recruter une il faut d'ailleurs suivre une formation obligatoire, et les journaux relatent régulièrement les cas de violence contre elles où les coupables sont, contrairement aux pays du golf, poursuivis et punis de prison.
 
Enfin, on a encore un peu de marge avant de risquer la taule, pour l'instant les seules violences que notre maid subit ce sont nos 2 petits monstres, qui voient d'un oeil suspicieux l'arrivée de cette étrange dame qui s'occupe d'eux et qui parle une langue qu'ils ne comprennent pas (encore)...

vendredi 24 septembre 2010

En fait, comment on dit seau en anglais ?

En arrivant à Singapour, je me suis dit, vu le niveau en anglais du singapourien moyen, je devrais pourvoir me débrouiller avec le mien, il ne faut pas déconner, je suis capable de tenir des heures une négo contractuelle ou technique, même avec des australiens, alors je dois pouvoir exprimer mes besoins basiques encore plus facilement, non ? Eh bien, non... c'est que les mots de tous les jours n'entrent pas trop au bureau, et inversement, le business english, n'est pas d'une grande utilité quand on pousse son caddie à carrefour.
Et d'ailleurs, ici, on ne parle pas vraiment l'anglais, mais le singlish, une sorte d'anglais très économe en verbes, et autres adverbes dès lors qu'ils n'apportent pas une information essentielle au propos, ainsi en singlish on dit : you on the air con, (car oui, j'ai l'air con, c'est essentiel : air conditioning), là où vers Oxford on dirait : you may turn on the air conditionning, please. Oui, le singlish est aussi économe en formule de politesse, ca ne sert à rien la politesse après tout, enfin en formule je veux dire, car autrement, la politesse est tout un art en Asie : you on the air con, mais en te déchaussant avant d'entrer et en tendant la télécommande avec les deux mains s'il te plaît !
Après, viennent les acronymes locaux, on ne dit pas metro, mais MRT (prononcer emmaâti), et il ne faut pas oublier de recharger la cash card avant de la mettre dans l'IU (in-vehicle unit), utilisé pour le système de racket péage urbain de Singapour qu'on appelle ERP (electronic road pricing), etc. etc...
L'ERP, cette spécificité singapourienne, mérite que je vous en parle un peu... le système est donc basé sur d'une part, ce boîtier (donc appelé IU si vous avez suivi), obligatoire pour chaque véhicule (même sur un scooter!!) qui est fixé sur la planche de bord et fait ressembler la plus belle Aston Martin à un vulgaire taxi, et d'autre part, d'un réseau très dense de portiques installés un peu partout sur l'île. L'idée est que à chaque passage sous un portique, la cash card qui est dans l'IU est débitée d'un montant qui est fonction du type du véhicule, de la localisation du portique, et de l'heure de la journée. Autant vous dire qu'un camion qui se pointe pour une livraison en plein CBD (Central Business District) à 8h du matin, n'a pas intérêt à livrer 2 kilos de poireaux s'il veut rentrer dans ses frais!!
Et s'il n'y pas pas assez de crédit dans la carte, la plaque minéralogique est reconnue par des caméras fixées sur le portique et une facture du montant du péage arrive le lendemain par courrier avec une pénalité de retard. Il faut dire qu'ici, tout se termine par une pénalité... Voilà, ce n'est pas forcément très simple, mais fichtrement efficace !
Sur mon trajet quotidien par exemple, il y a un portique qui est en général à 1.5$... sauf entre 7h30 et 7h35, où un technocrate a décidé que le tarif devait passer à 0.80$ pendant 5 mn, il n'en faut pas plus pour tenter le sfaxien que je suis...

En fait, un seau se dit bucket en anglais... et kartal en sfaxien.