mardi 28 octobre 2008

voiture, ma belle voiture

La voiture est une formidable invention de l'humanité, outil d'émancipation de l'être humain qui retrouve ainsi un degré de liberté largement au dessus de ce dont la nature l'a doté en "version de base", Hussein Bolt compris.

On voit bien le pouvoir magique qu'exerce la voiture sur notre esprit, dans le regard émerveillé des enfants quand ils les observent, les dessinent, ou s'amusent avec dans leur version jouet. Et quand on devient adulte, nous restons toujours des enfants devant les plus belles voitures...
D'ailleurs, je crois bien qu'après "tétine", le premier objet que mon fils a nommé c'était "tuture", et a tout de suite été capable de reconnaître les marques et de les attribuer aux personnes qu'il connaît, indépendemment du modèle. Aucun autre objet n'a suscité en lui cette effort d'abstraction et de classification que je trouve incroyable pour un petit garçon de 2 ans.
La tuture est donc une affaire sérieuse mes amis.
Un des sacrifices auxquels j'ai dû me résoudre pour mon expatriation, était ma voiture, car les lois sont ainsi faites, on peut pas promener sa voiture d'un pays à l'autre comme une vulgaire trousse de toilette. Cela dit, promener une trousse de toilette est devenu très compliqué aussi : pas de coupe-ongles, pas de flacons > 100ml, etc..
Alors comment vais-je expliquer à mon fils que turure papa ne sera plus tuture papa ? Lui qui, la dernière fois au resto, a refusé de se mettre à table et est resté surveiller depuis la vitrine le tuturier qui, mal lui en prit, a garé la voiture ?
Non, vraiment ce n'est pas humain.
La Tunisie n'est pas en reste, la voiture y est reine, elle est prioritaire sur tous les grands projets d'infrastructure, les abattements fiscaux, les importations, etc...
Je trouve dommage qu'un pays dit émergeant comme la Tunisie n'apprenne pas des erreurs des pays développés qui ont opté pour le tout voiture dans les années 70 et l'ont regretté aujourd'hui et continuent d'ailleurs à payer cher le rééquilibrage des investissements en faveur des autres modes de transport...
Pendant que la Tunisie construit à tout va des échangeurs routiers et des autoroutes (il y a en moyenne un chantier de TP tous les 500m à Tunis !!), l'Europe investit massivement dans les lignes ferroviaires à grande vitesse et ses villes installent des bornes à vélos quasi gratuits.
Presque toutes les petites voitures sont exemptées de droits de douane en Tunisie (quand même pas la mini ou la Smart, trop fashion), privant ainsi le trésor public de précieuses recettes fiscales qui auraient pu financer un transport public qui en a grand besoin.
Tous les matins dans les embouteillages de Tunis, je me rends compte de l'occasion ratée pour cette ville d'avoir des bus, des tramways et des trains de banlieue fréquents et confortables, au lieu de l'alignement polluant et lassant de voitures (dont la mienne) avançant à 2 km/h.
Aujourd'hui, il n'y a que les gens qui n'ont pas le choix qui prennent les transports en commun, le vrai progrès serait, que même les gens qui ont une voiture personnelle, préféreraient lire leur journal ou discuter avec leurs voisins à bord d'un bus ou d'un train.
Mais j'ai oublié de vous dire que mon travail à Tunis consiste à permettre ce choix à pas mal de Tunisois.

vendredi 17 octobre 2008

le nord et le sud

Dans beaucoup de villes du monde, les expressions "Banlieue", ou "quartiers nord" renvoient vers des images de barres HLM délabrées ou de racailles désoeuvrée dans la rues, etc.. Pas à Tunis ! Je vous rassure, on trouve à Tunis comme partout ailleurs de la bonne vieille racaille produit, comme partout ailleurs, de la pauvreté et de l'urbanisation sauvage. La particularité de Tunis c'est cette faune n'habite pas ce que les Tunisois appellent la banlieue, et encore moins les quartiers nord.

La banlieue à Tunis est la version courte de "banlieue chic", elle est forcément au nord, et est constituée essentiellement de villas et de quartiers résidentiels joliment aménagés...

Mais alors où sont les pauvres me diriez-vous ?

A Tunis on fait simple, comme à l'échelle mondiale, les riches au nord, les pauvres au sud, et les chèvres seront ainsi bien gardées. Bon, pour les coupeurs de cheveux en quatre (et il y en a dans une population standard de lecteurs de blog), il est vrai qu'il y a quelques exceptions, mais on gros c'est ça.
Mon parcours quotidien pour aller et rentrer du bureau ressemble donc à une migration incessante entre ces 2 mondes ou je constate des contrastes saisissants entre les filles voilées aux arrêts de bus au sud et les décolletés généreux et les jeans à 300 euros des bars et restos chics du nord, ou les 'pigeot' 404 bâchées construites sous Giscard et qui t'envoient l'équivalent de la production annuelle de la Suisse en CO2 dans les narines en démarrant au feu rouge (quand elles s'y arrêtent) , et les derniers coupés AMG qui valent le PNB du Togo (à l'unité, il va sans dire...).

J'ai eu une occasion intéressante de voir un autre aspect de ce contact nord-sud quand je suis allé faire ma carte d'immatriculation au Consulat de France à Tunis : Dans la salle d'attente il y avait un panneau d'affichage pour les bans de mariage, il y en avait des dizaines, à 90% voici le ban type :
Lui : Toukebri Zantouri, âge 22 ans, né à Tatouine, Profession : Serveur, guide touristique, ou sans
Elle : Marion Grosjean, âge 36 ans, née en Ile-et-Vilaine ou le Nord, Profession : infirmière, employée de bureau, ou sans

No comment.

jeudi 2 octobre 2008

Ramadan, mois pieux

Mon premier Ramadan presqu'entièrement passé en Tunisie depuis longtemps, le mois saint commence le 1er septembre cette année, pile après 2 mois de séance unique. Bref c'est pas en 2008 que la Tunisie fera un bond économique..

J'attaque le Ramadan avec déjà 3 kg de moins, vu que la séance unique signifiait surtout pour moi un déjeudiner unique, vers 19h.

Un petit guide de survie pendant le Ramadan :
- inutile de prendre des RDV professionnels avant 10h du matin ou après 12h
- éviter de parler trop près aux gens, la dalle ça ne donne pas bonne haleine, et le bonbon TicTac n'a toujours pas réussi son lobbying auprès de Al Azhar pour l'autoriser pendant le jeûne
- éviter d'acheter son pain 1h avant la rupture du jeûne si on n'est pas catcheur

Il y a tout de même des compensations : la BRICK tout les soirs !! Une bonne brick toute chaude, toute croustillante, avec un oeuf ni trop cuit, ni pas assez, c'est un vrai régal. Bon, il y a à peu près assez de calories dedans pour nourrir le Darfour pendant une semaine, mais c'est bon-et-pi-c'est-tout comme dirait Philippe Lucas (ne pas confondre avec George, rien à voir).

Bref, arrive enfin l'Aïd, encore 2 jours fériés pour se remettre de la glandouille non-stop des trois mois passés. Alors j'ai décidé au 2ème jour d'aller à CARREFOUR pour utiliser pour la 1ere fois ma nouvelle carte visa estampillée VALID ONLY IN TUNISIA.

Bon pour ceux qui ne connaissent pas, et qui ont réussi à me lire jusqu'à maintenant, il y a UN hypermarché Carrefour à Tunis, pile comme ceux en France, d'ailleurs la première fois où j'y suis allé, j'ai pu trouver du premier coup mon paquet de café et les couches de mon pitchoune (qui n'était pas encore né, ni même conçu, d'ailleurs).

Je disais donc, je suis allé le lendemain de l'Aïd à Carrefour, et on y entrant, je vois un type tenant 2 énormes pack de bière au bout de chaque bras, comme il n'avait pas vraiment la tête de Leonardo de Carpaccio, si vous voyez ce que je veux dire, je me suis dis pourquoi pas.... Sauf que, juste après lui, pareil, un autre avec un gros carton de bouteilles de vin, et en plus avec une tête nettement moins suspecte que le premier, et puis un autre, et puis encore un autre.. En fait il n' avait que ça.
Les mecs, ça faisait 1 mois qu'ils n'ont pas acheté (voir pas bu) une goutte d'alcool, donc forcément il y avait autant de foule au rayon Alcool ce jour là qu'à la mosquée du coin la veille.

This is Tunisia too.

je hais les aéroports

Je hais les aéroports,
je hais les avions,
je hais les compagnies aériennes,
mais pas au sens de Ben Laden, je vous rassure.
Ce trio a transformé le rêve le plus ancien de l'humanité -voler- en un cauchemar. Les récents contrôles renforcés de sécurité, que nous devons au personnage susmentionné, n'ont fait qu'empirer les choses. Après la file d'attente du contrôle, le pari que je joue intérieurement le plus souvent est si on embarque par bus ou par passerelle. J'ai ainsi parié lors de l'un de mes CDG/ Tunis-Carthage pour un embarquement par passerelle, et ceci pour 2 bonnes raisons :
- C'est, quand même statistiquement plus fréquent à CDG - Ca m'arrangait bien, j'avais, par ordre de poids (et d'importance) : mon fils, son siège auto, et mon sac sur les bras
On arrive donc effectivement dans une passerelle, ouf!
Peine perdue, on nous fait descendre au milieu du tube par un minuscule escalier sur le tarmac, on prend un bus, et on nous fait ensuite remonter par le même genre d'escalier au milieu d'une autre passerelle d'un autre terminal. Pourquoi ne pas avoir directement enregistré et embarqué dans ce terminal ? La logique du transport aérien est particulière.
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais à chaque fois que Boing ou Airbus sort un nouveau modèle d'avion, les images reproduites par tous les articles et les JT de la terre montrent un intérieur genre lounge-bar décoré par Philippe Starck avec des fauteuils de 1m de large en velours rouge, lumière tamisée, des écrans plats, des hôtesses nettement moins plates, etc...
Par contre, tout ça disparaît dès la 1ère commande, on retrouve nos bonnes vieilles bétaillères avec des rangées de sièges tellement serrés que seule Kate Moss arriverait à passer son derrière entre les accoudoirs sans se tortiller...
Un autre truc qui m'a toujours surpris dans les avions : la qualité du son des annonces ! Même dans une Twingo on a aujourd'hui un son à peu près correct , je n'ai jamais pigé pourquoi dans un joujou, disons, 1000 fois plus cher on n'arrive pas à y mettre des haut-parleurs capables de restituer correctement la voix humaine, je ne parle même pas de la 5ème de Beethoven.
Finalement, le mieux pour voyager c'est la téléportation, en plus je suis sûr que c'est plus simple techniquement à résoudre que le problème du son.

mercredi 1 octobre 2008

Tunis me voila

Qu'est qui frappe un Tunisien de retour chez lui après 18 ans d'absence ?
A vrai dire pas grand chose : mes 18 ans d'absence étaient jalonnés par 2 à 3 séjours par an au pays, j'ai donc vécu en direct live (et quelques fois en léger différé) l'évolution de ce pays en bien ou en mal.
Pas grand chose, mais pas mal de détails quand même : je me rends compte que je connais mal Tunis en dehors des grands axes, c'est un collègue expatrié français qui m'a fait découvrir le raccourci par la Goulette pour aller de la Marsa au sud de Tunis. Ceux qui ne connaissent pas Tunis, faites un tour sur Google Earth pour comprendre de quoi je parle, mais ce n'est pas très important, c était juste pour faire mon interessant avec un hyperlien.
Ce sont souvent des détails qui me font marrer, le premier jour où je récupère ma nouvelle voiture (il faut que je pense à vous en parler plus tard), je roule sur la route de la Marsa -c'était avant que je découvre le raccourci- le feu devant moi passe au vert clignotant, puis au rouge, je freine et m'arrête, je regarde dans le rétro, un taxi m'imite, sauf qu'au dernier moment, il se met à tourner autour de lui-même comme une toupie, tape le terre-plein central sur le coté (les 2 essieux HS) et par devant (le pare-choc tombe), et s'arrête à 50cm de mon pare-choc arrière, juste au moment où je redémarre au feu vert... Le pauvre taxiste a flingué sa voiture sous mes yeux, tout seul comme un grand, le temps d'un feu rouge. Ca a été assez surréaliste, une séquence de Starsky et Hutch projetée sur mon rétro.

Il faut que j'arrête d'écrire sur les anecdotes sur la circulation, parce que ça mériterait un blog dédié. Mais s'agissant du premier message de ce blog, il est trop tôt pour vous faire une promesse à ce sujet.

Ce que je promets en revanche, c'est d'essayer d'écrire et de décrire ce que je trouve intéressant, surprenant, vraiment drôle ou vraiment triste dans ma nouvelle vie d'expatrié-impatrié.